Qui es-tu Grand saint Nicolas ?
Culte et mystères
Saint Nicolas, patron protecteur des enfants et de la Lorraine, est fêté tous les 6 décembre, surtout dans l’Est et le Nord de la France.
Nicolas de Myre
Nicolas de Myre, plus connu sous le nom de saint Nicolas, est un évêque né à Patare en Lycie aux environs de 270 et décédé le 6 décembre 335 dans la ville de Myre. Vénéré par la plupart des traditions chrétiennes, il est célébré le 6 décembre (jour de sa dormition) et le 9 mai (jour de la translation de ses reliques).
Orphelin dès son plus jeune âge, saint Nicolas est élevé par son oncle, également prénommé Nicolas et évêque de Myre. À sa mort en l’an 300, c’est le futur saint Nicolas qui reprend la fonction épiscopale. Le saint accomplit alors des miracles qui bâtissent son aura, sa légende et ses nombreux patronages. Il veille par exemple au respect de ses fidèles malgré l’emprisonnement des chrétiens de Myre et obtient même de l’empereur Constantin un abaissement des impôts en plaidant la cause des habitants de Myre à Constantinople.
Le début d'un culte
Saint Nicolas est enterré jusqu'en 1087 au sein de l'église Saint-Nicolas de Myre. Ses reliques ont la particularité de produire une huile jugée miraculeuse, « la manne de saint Nicolas », toujours récoltée aujourd’hui. Ce miracle post-mortem va contribuer à la diffusion de la légende et du culte de saint Nicolas dans la religion orthodoxe.
Entre 723 et 843, période iconoclaste de l’histoire byzantine, l'interdiction du culte de toutes les icônes entraîne la destruction de toute représentation du Christ et des saints. Quelques représentations de saint Nicolas sont miraculeusement épargnées, témoignant de l’importance de l’évêque dans la religion orthodoxe. Saint Nicolas y est d'ailleurs représenté aux côtés de la Vierge et du Christ.
En 1098, Aubert de Varangéville se rend en pèlerinage à Bari afin d’y prier saint Nicolas qui jouit d’un culte grandissant depuis la translation de ses reliques. Le chevalier lorrain, avec l’aide d’un moine, s’empare d’une phalange dite « Dextre bénissante ». À son retour à Port, qui deviendra ultérieurement Saint-Nicolas-de-Port, il entrepose la relique du saint dans la chapelle d’un château.
Après ces deux translations, les cultes, pèlerinages et légendes du saint vont se développer massivement à travers toute l’Europe catholique, érigeant les villes de Port et de Bari en hauts lieux de pèlerinage et de commerce.
En 1099, les navires vénitiens partent pour la première croisade et font escale à Myre pour pénétrer l’église Saint Nicolas. Ils s’emparent de différentes reliques, dont celle de l’évêque Nicolas (oncle de saint Nicolas). L'urne en cuivre, contenant les restes de saint Nicolas, est ensuite trouvée sous une dalle de l’église ; les écrits relatant cet épisode évoquent une odeur agréable s’en échappant. Les os, vraisemblablement les restes non emportés lors de la translation de Bari, sont tous brisés.
À leur retour en 1101, les reliques sont déposées dans l’église Saint Nicolas du monastère vénitien du Lido. Débute alors un conflit idéologique entre la ville de Venise et celle de Bari afin de déterminer la légitimité des reliques.
La manne de saint Nicolas, une huile miraculeuse
Lorsque le saint fut enseveli dans une tombe de marbre, une source d'huile apportant santé aux malades se mit à couler de sa tête et de ses pieds, une source d’eau. Cette huile, nommée manne de saint Nicolas, cessa de couler lorsque le successeur de saint Nicolas se vit chassé de son siège par des envieux. Mais dès que l’évêque fut réinstallé sur son siège, l’huile rejaillit aussitôt.
Longtemps plus tard, les Turcs détruisirent la ville de Myre. Et comme quarante-sept soldats de la ville de Bari passaient par là, quatre moines leur ouvrirent la tombe de saint Nicolas : ils prirent ses os, qui nageaient dans l’huile, et les transportèrent dans la ville de Bari, en l’an 1087.
Les reliques du saint accomplirent de nombreux miracles en Italie. Elles protégèrent des voleurs, sauvèrent des personnes de la noyade et ramenèrent à leurs parents les enfants perdus ou volés. Quelques années après l’arrivée des reliques du saint en Italie, un chevalier lorrain qui revenait de croisade passa à Bari. Il déroba un doigt du saint pour l’amener dans sa ville natale : Saint-Nicolas-de-Port. Bientôt, des pèlerinages importants furent organisés dans cette petite ville de Lorraine. Lorsqu'on priait Saint-Nicolas, des miracles se produisaient. Des chevaliers enchaînés par les infidèles furent miraculeusement transportés devant le portail de l’église de Saint-Nicolas-de-Port et saint Louis fut sauvé de la noyade.
Les reliques, sources de conflit idéologique
La crypte de la Basilique de Bari, abritant les reliques du saint, entre dans une phase de restauration dans les années 50. Une commission pontificale, dirigée par Mgr Enrico Nicodemo, archevêque de Bari, autorise Luigi Martino, professeur à l’Université de Bari spécialiste de l’anatomie humaine, à examiner les reliques. Les ossements, enfouis depuis 1087, sont retirés de la tombe pour être identifiés et inventoriés. Le fond de la sépulture est recouvert d’environ 2 centimètres de la célèbre « manne de saint Nicolas ». Des études prouvent la parfaite étanchéité de la tombe et rendent jusqu'à ce jour inexplicable la présence phénoménale de l'onguent...
Les ossements du saint subissent une deuxième analyse durant la nuit du 7 mai 1957 par la même équipe de chercheurs. Durant cette seconde batterie de tests, des milliers de photos et de radios sont pratiquées. Ces mesures permettent de recréer un squelette déterminant les proportions de l’individu : celles d'un homme d’environ 75 ans, mesurant 1,67 mètres. L’examen du crâne permettrait également la reconstitution du visage de saint Nicolas.
En 1992, ce sont les reliques du Lido qui sont étudiées par Luigi Martino et son équipe. Après de longues analyses, les chercheurs déterminent les origines de ces fragments d’os : ils appartiennent au même squelette que les reliques de Bari (les fragments de Venise correspondent aux côtes et fémurs brisés du squelette de Bari). Le professeur Martino met alors fin à plus de 800 ans de lutte idéologique sur la légitimité des reliques, en déclarant leur égale importance dans les deux cités.
L'avènement du saint patron des Lorrains
Les pays de confession orthodoxe vouent un culte au faiseur de miracles, à la figure pieuse que représente le saint. En Grèce, saint Nicolas est célébré pour son image de saint patron des marins. En Europe de l'Ouest et en Europe centrale, l’image sévère du saint évolue entre le XIème et le XIIème siècle, jusqu'à devenir celle d'un modèle de saint compatissant, « ami des enfants ».
Les premières célébrations du saint en tant que donneur de cadeaux s'observent à Utrecht, en 1163. Il devient aux Pays-Bas l'une des figures religieuses les plus importantes, malgré tous les efforts mis en place par la Réforme protestante pour supprimer la dévotion attribuée à saint Nicolas.
C'est en 1477, juste après la bataille de Nancy, que saint Nicolas devient le saint patron des Lorrains. Pendant que le conflit fait rage jusqu'à la défaite et la mort du duc de Bourgogne Charles le Téméraire, le duc René II de Lorraine place son armée de 20 000 hommes sous la protection de la Vierge Marie et de saint Nicolas lors du passage à Saint-Nicolas-de-Port. Ce lien unifiant Nancy et la Lorraine à saint Nicolas ne s’est jamais rompu depuis.